« Le corps raconte une histoire pour peu qu’on le laisse dire… pour peu qu’on le laisse voir.
Comme beaucoup j’ai voulu pendant 45 ans faire taire ce corps, gommer ses traces ses stigmates et ses douleurs.
Un peu comme on met un couvercle sur un pot ou une couverture sur une émotion.
Pour guérir, pour être résiliente, il a fallu d’abord oser dire les mots : Manipulation, emprise
Agression, viol puis silence, honte, dévalorisation.
Puis viol conjugal
Puis fuite, doute
Réflexion, dépréciation
Réorientation
Compréhension, revalorisation
Bienveillance, expression, intelligence
Reconnaissance puis connaissance de soi, acceptation.
Voilà le chemin plus ou moins chaotique parcouru jusqu’à pouvoir poser à travers le regard du photographe un regard bienveillant et aimant sur ce corps meurtri mais diablement expressif, qui est enfin en accord avec celle que je suis au dedans.
Poser c’est bien plus que montrer c’est réapprendre ses contours en faisant de son corps une matière à travailler, à dire, à raconter…
Plus que me mettre nue c’est me mettre à nu que je cherche pour qu’on entr’aperçoive la lumière qu’il y a au dedans et ce que je veux en dire. »